La certification du cœur

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« Nos plus grandes intensités ne supportent pas les preuves. Elles vivent avec nous, malgré nous, en silence. Quand nous mourons, elles continuent de vivre. »

Christian Bobin.
Pierre, page 78

Ainsi vient 2020 : les prestataires d’actions concourant au développement des compétences, Organismes de Formation, OF, Prestataires de Bilans de Compétences, BC, Prestataires d’accompagnement à la Validation des Acquis par l’Expérience, VAE, et Centres d’Apprentissage, CFA, devront délivrer des preuves à une auditrice ou un auditeur, d’un organisme certificateur soigneusement sélectionné par le prestataire, pendant une durée d’une demi-journée à quatre jours selon le cas.

« Des preuves ? Mais des preuves de quoi Grands Dieux encore ? Nous avons déjà tout donné pour le Datadock, et il faut recommencer ?« 

Oui, mais non, pas tout à fait.

Datadock, et les 54 référentiels qualité reconnus par le CNEFOP aujourd’hui disparu, étaient basés sur une vérification documentaire du respect de la réglementation par l’organisme de formation. Il lui fallait apporter les preuves qu’il utilisait les bons documents, et le certificateur comme l’analyste Datadock vérifiait leur conformité.

Avec Qualiopi, comme nous l’avons expliqué avec Sara Croüs lors de notre webinaire du 19 décembre 2019, il faudra démontrer la maîtrise des processus de délivrance d’une action concourant au développement des compétences, Formation, BC, VAE, Apprentissage.

Nous ne sommes pas dans du Bobin, mais on s’en approche. Nos plus grandes intensités, nous pourrons avoir l’occasion de les rapporter à nos interlocuteurs en charge de notre audit Qualiopi. C’est en racontant avec cœur nos manières de délivrer nos actions de formation que nous démontrerons en maîtriser les processus.

Car, c’est bien ce qui est inscrit sur le logo Qualiopi :

Processus certifié.

Bien sûr, nous devons vérifier la conformité des documents que nous utilisons, des formules que nous employons dans ces documents : il peut arriver qu’ils ne soient pas tout à fait conformes, parce que la législation a évolué et que les documents ont dû être adaptés.

Un exemple : si vous continuez à mentionner les quatorze anciennes formules de l’Article L6313-1 du Code du Travail en vigueur jusqu’au 31 décembre 2018 au lieu des quatre nouvelles applicables depuis le 1er janvier 2019, l’auditeur/trice vous notifiera certainement une observation dans son rapport d’audit, à l’indicateur correspondant au document traité. Il/elle vous indiquera de vérifier la conformité réglementaire de votre document, sans toutefois vous donner la raison de cette non conformité, car il/elle prendrait le risque de faire du conseil, ce qui lui est interdit. Ce sera à vous de trouver pourquoi ce document n’est plus réglementaire, alors que, vous le savez bien, « il l’était encore hier », et d’ailleurs « il était accepté par tous les financeurs » . Votre veille réglementaire sera désormais là pour vous avertir de ces modifications régulières, et ce sera dorénavant un processus maîtrisé. Pas si mal, non ? Vous reverrez ce point avec votre partenaire certificateur lors de votre audit de suivi.

Mais l’essentiel de cette certification de processus n’est pas dans cette sorte d’audit réglementaire. L’essentiel est dans l’usage que vous faites de ces documents, comment vous les utilisez, à travers 7 processus correspondant aux 7 critères du décret 2019-564 du 6 juin 2019.

  • Critère 1 : Processus d’information du public ;
  • Critère 2 : Processus de conception des prestations ;
  • Critère 3 : Processus d’adaptation des prestations ;
  • Critère 4 : Processus de mobilisation des ressources adéquates ;
  • Critère 5 : Processus de professionnalisation des intervenants ;
  • Critère 6 : Processus d’ancrage dans son environnement ;
  • Critère 7 : Processus d’amélioration de ses prestations.

Voir Synthèse du groupe de travail CFS+ du 11 juillet 2019

N’ayez donc pas de crainte pour votre audit : préparez-le suffisamment longtemps à l’avance pour bien appréhender la façon dont vous délivrez vos actions de développement des compétences. Vous verrez, vous y prendrez goût ! Car s’interroger sur son travail, la manière dont il est mené, lui (re)donne du sens. Et ensuite, lorsque l’on a bien acquis la maîtrise de la conduite des processus, que l’on a bien mis en place les outils de veille qui nous sont demandés, et que l’on gère bien sa démarche qualité, la certification nous apporte de la satisfaction.

Vos plus grandes intensités, celles vécues lors de vos actions de formation, continueront de vivre. Comme le dit si bien le poète Christian Bobin, elles n’auront aucun besoin d’être prouvées. Mais elles trouveront certainement leur place dans le déroulement de votre audit. Vous pourrez les faire partager ou non, elles vous appartiennent, mais elles vous accompagneront.

Bonne année 2020 et bonne certification !

1 réflexion sur “La certification du cœur”

  1. Merci pour cet article et bonne année! Avec une multiplication des acteurs de la formation, nous avons une belle mission à remplir pour accompagner et faciliter les démarches qualité des organismes de formation en création ou en changement.
    Chez Qualitef, nous avons à coeur de rendre ce service accessible au plus grand nombre. http://www.qualitef.fr

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